Tu es le delta

Participation au recueil L’année en pente raide des éditions Ska, avec 25 textes du noir au rose sur l’année 2020 et ses crises et violences multiples.
Le texte Tu es le delta est un texte sur le mélange des corps et leur réappropriation.

On peut trouver ce recueil à 0,99 € aux éditions Ska ici.
ou l’acheter ici.

Le début : « Tu lèches sa joue, déposes ta salive, un magma translucide aux reflets scintillants, je lèche sa joue à mon tour, ta salive sur ma langue coule dans ma gorge, breuvage au goût intense, au goût de toi teinté du goût salé de sa peau à elle, et elle écarte ses lèvres que je caresse de mes lèvres, pour laisser pénétrer ma salive qu’elle avale, boit. Tu lapes son sein gauche alors qu’il suce le téton de son sein droit et sa respiration s’accélère.
Nous sommes quatre et, nos corps nus entrelacés, bigarrés, alanguis sur des matelas au sol, entourés de coussins multicolores, nous célébrons.
Nos gémissements sont ténus, empêchés. Nous évitons de faire du bruit, nous pouvons à tout moment être dénoncés par un voisin vigilant et il est trop tôt pour ça, pas avant la métamorphose. Seule alors résonne le son de nos peaux qui se frôlent et se froissent.
Elle disait que la démocratie c’est se retrouver, parler, échanger, faire la fête, protester, danser, baiser. C’est ouvrir sa gueule, s’opposer, agiter les bras alors que la musique nous traverse, lever le poing quand le pouvoir nous agresse, la foule et ses mouvements, une manifestation, se toucher, une grève, une terrasse de bar enfiévrée, les débats, les désaccords, la contradiction, les ébats. Nos corps fomentent des barricades.
La sueur émane de son aisselle. »




Sous-cutané

Participation au recueil 500 des éditions Ska, avec cinquante textes de 500 mots, du noir au rose, du polar au cul en passant par l’exercice de style, la poésie.
Le texte Sous-cutané est un texte érotique qui s’intéresse au désir qui fuit quand les corps s’épuisent.

On peut trouver le recueil aux éditions Ska ici.
ou l’acheter ici.

Le début : « Je claque ton cul pour la 500éme fois environ, je n’ai pas compté, tu dis que tu ne pourras plus t’asseoir pendant des années et cela t’amuse. Tu me demandes de continuer. Je voudrais te satisfaire mais mon poignet se calcifie. La force me fuit après une semaine d’enfermement volontaire dans ce studio à tester nos corps et leurs contorsions, leurs résistances, des liserés sombres creusent tes poignets à cause des liens, mes tétons s’embrunissent d’avoir été pincés et tordus en tous sens, tu peux contempler mon dos de partout griffé. »




Le savoir-défaire

Le savoir-défaire est une nouvelle publiée en ebook chez Ska éditeurs.
Une femme rencontre un homme dans une soirée. Elle change les règles du jeu pour que des gestes différents de ceux attendus s’échangent, pour que des caresses sur les peaux s’inventent.

Site des éditions Ska : Ska édition
On peut l’acheter ici : 7switch

Un extrait :
«  Tu m’explores et c’est beau de te voir ne pas savoir d’avance si ça m’est agréable. Il est bien de désapprendre, d’oublier la technique, ta main trébuche, se perd, ne sait plus trop où aller, où se poser, quelle direction prendre. Tes doigts se décident à tenter, le bas du dos juste au-dessus de la raie des fesses, oui, ou plus haut le long de la nuque, oui, continue, on peut trouver de nombreux endroits à palper, effleurer, tordre, même si j’aime bien ça aussi, tes deux doigts dans ma chatte. »




Pour quelques doigts

Pour quelques doigts est une nouvelle publiée en ebook chez Ska éditeurs. Elle raconte l’histoire de deux personnes qui couchent ensemble pour la première fois, deux corps qui cherchent à s’approcher, à se trouver en suivant un chemin tortueux et maladroit.

Site des éditions Ska : Ska édition
On peut l’acheter ici : 7switch

Un extrait du début :
« Sacha m’implore de l’attacher, elle est accroupie sur le lit, nue, elle me tend les bras, elle me supplie de prendre la ceinture sur le plancher, oui, juste là, à côté de mon jean noir délavé, de prendre cette ceinture et de lier ses poignets, de serrer très fort, le plus fort que je peux, elle me dit qu’elle est prête à faire tout ce que je veux, tout, absolument tout, tout ce qu’il est possible d’imaginer et même plus.
Je ne suis pas d’humeur à ça, je ne suis pas non plus d’humeur à autre chose, mais surtout je ne suis pas en état, la pièce vacille dès que je bouge la tête. »




Corps défendant

Corps défendant est un roman publié en ebook chez Ska éditeur.
Ce roman l’histoire d’un homme mal dans sa peau qui angoisse, ne trouve pas sa place, fait la fête mollement, baise, bosse sans conviction, essaie de survivre, essaie de respirer.
Un jour, confronté à la violence, il va tenter de changer.
Un roman sur ce que la société des hommes attend de nous et sur comment nous nous retrouvons coincés.

Il est édité en ligne chez Ska éditeurs
On peut l’acheter ici : 7switch
Une critique de ce livre sur le site Black Novel1 : ici

Un extrait :Sa main dépasse du lit, la paume vers le plafond, son bras forme un angle droit avec son torse. Le drap est mêlé à ses jambes. La couverture ne cache plus grand-chose, dévoile ses seins, son flanc, son aisselle rasée. Je pourrais me baisser pour la border.
Je ne bouge pas, j’attends le jour. Je suis assis sur une chaise et j’attends qu’il soit l’heure, qu’arrive le moment où je dois me mettre en mouvement, où ça s’enclenche, les gestes qui amènent d’autres gestes.
Je suis torse nu, j’ai presque froid, le ciel se dilue, s’éclaircit, je suis réveillé pleinement réveillé. Je ne pense pas. Je regarde le jour s’installer. Si je fermais les yeux, tout se bousculerait, les images, les sensations, les souvenirs. Je ne les ferme pas. J’attends. Je me penche, éteins le réveil avant qu’il ne sonne. Il est temps d’entrer dans le monde, de m’y préparer.
Debout. La salle de bain. Sous la douche, eau glacée, je tourne le robinet, un flot me brûle la peau, robinet, glacée à nouveau, putain, impossible de trouver le bon mélange, je me lave comme je peux, rapidement. Je sors frigorifié, mes pieds glissent sur le sol inondé, je me rattrape, je ne sais pas trop comment, la main contre le mur. Je chasse l’image de mon corps s’effondrant, ma tête heurtant le bord de la douche, et puis le sang sur le carrelage.
Je me frotte le dos pour me réchauffer, ça ne marche pas vraiment.
J’enfile un jean, un tee-shirt. Je me regarde pour voir si ça va, si je ressemble à quelque chose.
Le miroir au-dessus de l’évier est ébréché, taché de poussière, embué, je passe ma main dessus, ça ne change pas grand-chose, je ne me vois qu’à peine dedans, je me devine plutôt. Je m’ébouriffe les cheveux puis les plaque, j’hésite, je ne sais pas ce qui est le mieux.
Du mouvement dans le studio, Hélène se lève, j’entends son pas lourd et mal réveillé, je l’imagine étendre les bras pour bailler, les étendre à se casser les os. Je me tiens à l’évier.
Sa voix me parvient assourdie.
— Oui, c’est moi… Oui, chez Julie, oui, on se voit ce soir… J’ai des trucs prévus aujourd’hui, des trucs à finir, rien de passionnant mais je suis en retard, ça va sûrement me prendre plus de temps que je ne le pensais. J’aurais dû faire tout ça hier, mais tu sais comme je suis, j’ai eu du mal à m’y mettre et après j’étais énervée de ne pas avancer, ce qui faisait que j’avançais encore moins, que je bloquais, le cercle vicieux habituel.
Je sors de la salle de bain, elle a son portable dans une main, de l’autre elle essaie de mettre sa culotte. Je lui fais un geste pour lui dire qu’elle pourrait appeler son mec ailleurs, attendre d’être sortie de chez moi. Elle me répond d’une grimace. Tend sa paume vers moi comme pour me repousser.
— On fait comme ça alors, on se voit ce soir… Oui, ok, au bar, 17h00. Je t’embrasse… oui, moi aussi, à ce soir.
Elle éteint son portable. Elle s’approche et m’embrasse dans le cou.
Et puis.
— Je suis désolée, je dois filer, je suis à la bourre. Je prendrai ma douche chez moi.
— Je croyais que tu avais ta matinée de libre, c’est ce que tu m’avais dit hier soir… Tu n’as pas le temps de prendre un café ?
Hélène ne répond pas, cherche son soutien-gorge, le trouve entre les coussins du canapé, elle le roule en boule dans son sac, puis s’habille en vitesse. Elle se pose devant le miroir, cligne des yeux, les ouvre en grand, elle semble satisfaite, me dit au revoir, à bientôt, on s’appelle.
Mon café est trop fort, il m’arrache le ventre. Le soleil apparaît par ma fenêtre, le monde ne m’attend pas vraiment.